Adobe Photoshop est le logiciel de retouche photographique sans doute le plus connu du monde, et son renom est bien justifié, car il n’arrête pas d’étonner en proposant de nouvelles fonctionnalités. C’est le cas du dernier projet lancé par Adobe afin de promouvoir Stock, son nouveau service qui permet d’avoir accès à plus de 55 millions de photos, de vidéos, d’images (bitmap et vectorielles) et d’illustrations. C’est ainsi que naît Make a Masterpiece, visant à reproduire fidèlement des chefs-d’oeuvre disparus, volés ou détruits, en exploitant justement les ressources photographiques d’Adobe Stock et les outils de Photoshop.
Prenons par exemple le tableau du peintre hollandais Rembrandt – dont, soit dit au passage, on célébrait le 410ème anniversaire de la naissance il y a deux semaines -: Le Christ dans la tempête sur la mer de Galilée (ou tout simplement, Tempête sur la mer de Galilée), réalisé en 1633. Il se trouvait au musée Isabella Sweart Gardner de Boston jusqu’à ce qu’il a été volé le 18 mars 1990. Deux personnes déguisées en policiers ont réussi à entrer dans le musée, à immobiliser les agents de surveillance et à voler cette œuvre et 12 autres objets d’art pour une valeur estimée d’environ 500 millions de dollars. Il s’agit du plus grand vol d’oeuvres d’art de l’histoire des Etats-Unis. Depuis, personne n’en a plus rien su.
C’est à ce moment-là que rentre en jeu Ankur Patar, artiste numérique indien, qui a recréé fidèlement la Tempête sur la mer de Galilée, à partir de 236 photographies présentes dans la base de données d’Adobe Stock, qu’il a fusionnées grâce aux outils de retouche photographique offerts par Adobe Photoshop.
« J’ai travaillé de la même façon que Rembrandt l’aurait fait, en commençant par le ciel. C’est un projet de rêve pour moi, et j’espère que les horizons créatifs qu’ouvre Adobe Stock inspireront d’autres artistes. » » a affirmé Ankur Patar, auquel ce projet tenait beaucoup à cœur. A un tel point qu’il a voulu y mettre une touche personnelle : « L’un des portraits dans la toile est un autoportrait de Rembrandt. J’ai voulu ajouter mon propre autoportrait. »
Outre Ankur Patar, Adobe a contacté trois autres artistes numériques très connus sur la plateforme Behance, pour leur proposer le même défi : reproduire à l’écran un chef-d’oeuvre disparu.
L’américain Mike Campau a recréé La cathédrale trônant sur une ville de Karl Friedrich Schinkel, peint par ce peintre et architecte prussien en 1813 et détruit suite à un incendie en 1913.
L’artiste équatorienne Karla Cordova a choisi La mesa Herida (ou Wounded) de Frida Kahlo, mystérieusement disparu en 1955 pendant qu’il voyageait vers Moscou pour une exposition. Il s’agit du tableau le plus grand et le plus énigmatique de l’artiste mexicaine.
Ce tableau a été peint entre 1939 et 1940 à l’occasion de l’exposition internationale surréaliste organisée par la Galeria de Arte Mexicano. A cette époque, en décembre 1939, le divorce entre Frida Kahlo et Diego Rivera avait été officialisé et cette toile symbolisait toute la douleur éprouvée par la première.
Enfin, le français Jean-Charles Debroize a voulu reproduire un des chefs-d’oeuvre du Caravage, Saint Matthieu et l’ange, et plus précisément, la première version du tableau. Achetée par le collectionneur Vincenzo Giustiniani, léguée par la suite à un musée berlinois en 1815, cette toile a été détruite dans l’incendie de la Flakturm Friedrichshain tout comme 417 autres œuvres d’art.
La valeur de ces tableaux est inestimable et malheureusement elle a été perdue pour toujours. Pourtant, grâce aux nouvelles technologies numériques, il est possible de les reconstruire, au moins dans leur version numérisée. Le projet louable d’Adobe, Make a Masterpiece, est donc un bel exemple où le futur vient au secours du passé et de la transmission d’un héritage.