La fin de l’année, on le sait, c’est le moment des bilans et des classements. Non seulement à titre personnel, pour comprendre ce qu’on a fait et ce qu’on aurait pu faire et qu’on se voit obligés de reporter à 2016, mais aussi et surtout dans le domaine des arts, de la musique au cinéma à la littérature. D’ici le 31 décembre on doit s’attendre à une floraison foisonnante de classements intitulés « Les 10 meilleurs… ». Il y a en a qui s’y sont pris, en prenant tout le monde de court. C’est le prestigieux portail musical en ligne américain, Fact Mag, qui vient de publier le classement des pochettes d’album les plus belles de 2016.
10 – Parquet Courts, “Human Performance”, Andrew Savage.
On commence par le bout du classement et on va à rebours. Selon Fact Mag, c’est le groupe rock de Brooklyn, Parquet Courts, une des formations émergentes de la scène indie rock américaine qui mérite la deuxième position du classement. Le projet graphique est signé par le front man du groupe, Andrew Savage, qui, en plus d’être chanteur, est artiste visuel.
9 – Nisennenmondai, “#N/A”, Nisennenmondai.
En neuvième position on trouve Nisennenmondai, un trio instrumental féminin basé à Tokyo qui mélange avant-rock, punk, avant-garde et des influences orientales. Dans ce cas aussi, la pochette de l’album de « #N/A », que l’on dirait inspirée du pointillisme, a été réalisée par les membres mêmes du groupe. Pour la petite histoire, cet album est sorti le 1er avril… mais, de toute évidence, ce n’était pas une blague.
8 – Powell, “Sport”, Guy Featherstone.
Ici, on est confrontés à une campagne publicitaire vraiment exceptionnelle, hors du commun. En novembre Powell sort son premier album, « Sport », chez « XL Recordings ». Cet artiste, qui se faufile entre plusieurs genres (techno, no wave, post-punk…), s’est tourné vers un copain, Guy Featherstone, pour la réalisation artistique de la campagne de promotion du disque. Le résultat de cette collaboration est une expérience typographique bizarre, où le logo de Powell est manipulé et métamorphosé sans cesse. Il devient par exemple un cycliste penché sur le guidon du vélo, un hommage explicite au « Sport ».
7 – Mukqs, “Walkthrough”, Max Allison.
On n’est jamais aussi bien servi que par soi même. Voici la devise qui a dû être adoptée par les artistes de la scène rock indépendante cette année. S’il le fallait encore, une énième preuve nous est fournie par Max Allison alias Mukqs. La pochette de sa dernière œuvre représente le décor d’un jeu-vidéo que l’on dirait issu des années ’80.
6 – Equiknoxx, “Bird Sound Power”, Leigh Silverblatt.
Le duo avant-dance jamaïcain formé par Time et Gasvborg a décidé de s’en remettre à l’artiste visuelle Leigh Silverblatt pour son dernier album. Silverblatt travaille à Cleveland, Ohio, et utilise des techniques d’avant-garde. Ses animations gifs enquêtent l’interaction entre les formes, les textures et l’espace à travers une combinaison de vidéos et de modèles en 3D. C’est ces mêmes techniques qu’il a appliquées à la pochette de « Bird Sound Power » d’Equiknoxx.
5 – Steve Hauschildt, “Strands”, Leigh Silverblatt.
Devinez qui arrive à la cinquième place du classement de Fact Mag ? Encore une fois Leigh Silverblatt, sollicitée par Steve Hauschildt, elle aussi originaire de Cleveland, à élaborer un projet graphique pour « Strands ». Le visuel qu’elle a créé est encore plus psychédélique que celui conçu pour Equiknoxx et confirme l’importance de Silverblatt dans ce domaine particulier des arts graphiques.
4 – Solange, “A Seat at the Table”, Carlota Guerrero.
La petite sœur de Beyoncé a été une des découvertes musicales de cette année 2016. Le principal responsable de son exploit est justement l’album « A seat at the Table ». Solange s’est bien mérité une place autour de la table des artistes musicaux qui comptent. Sur la pochette, elle est immortalisée en portraiit, dans une posture détendue et informelle, avec des bigoudis qui façonnent sa chevelure drue. Le cliché est signé Carlota Guerrero, très jeune photographe (âgée de 26 ans) spécialisée dans les portraits de femmes et originaire de Barcelone. La magnétique Solange Knowles regarde les observateurs droit dans les yeux : un image iconique, tout simplement.
3 – PUP, “The Dream Is Over”, Chris McKenney.
On en arrive au podium, enfin. Un sofa sur l’herbe comme si c’était un banc. Assis dessus, un homme aux bras et aux jambes tout nus est en train de lire un quotidien, dans une posture relâchée. De l’autre côté du canapé, un incendie se déclare. Tout en bas, la phrase sibylline « The dream is over », le titre de l’album. Voici la pochette du deuxième album du groupe punck-rock-pop canadien PUP, qui semble évoquer les incertitudes de l’époque contemporaine. La réalisation artistique est signée par le photographe américain, Chris McKenney, dont les portraits sont souvent surréalistes, sinon carrément inquiétants.
2 – Lil Uzi Vert, “Lil Uzi Vert vs the World”, Farris. L’artiste hip-hop Symere Woods alias Lil Uzi Vert décroche la médaille d’argent grâce à « Lil Uzi Ver vs. the World » . Ce dernier présente une très belle pochette dans le style cartoon, conçue par la dessinatrice Cat Farris, basée à Portland, Oregon. Cat Farris est connue surtout pour ses personnages, dessinées en super-héros et en protagonistes de jeux-vidéos et issus d’un imaginaire que l’on reconnaît facilement dans la pochette de « Lil Uzi Vert vs The World », aux tonalités bleuâtres.
1 – Young Thug, “Jeffery”, Garfield Larmond. Et qui est-ce qui a mérité la première position d’après Fact Mag? C’est Young Thug, nom d’artiste de Jeffrey Lamar Williams, un rappeur américain de plus en plus connu. Cet artiste hip-hop plutôt excentrique, originaire d’Atlanta, a confié le projet artistique de la pochette de « Jeffery » au photographe et artiste visuel américain Garfield Larmond. Ce dernier peut vanter plusieurs collaborations dans le domaine discographique et avec d’autres célébrités américaines. L’image choisie, aux tonalités bleuâtres aussi, est d’une beauté et d’une grâce rares. Une personne noire, très probablement une femme vu la tenue, est immortalisée dans une pose qui manque de naturel, vêtue d’une robe élégante et avec un parasol oriental sur la tête, qui cache son identité. Le cliché étonne parce qu’il arrive à conjuguer une simplicité raffinée avec une ambiguïté énigmatique et la rencontre entre des imaginaires différents. Il s’est bien mérité la première position du classement Fact Mag.