L’association Les Dégommeuses existe officiellement depuis le 21 janvier 2012. Les Dégommeuses sont une équipe de foot mais aussi un groupe militant ayant vocation à lutter – dans le sport et par le sport – contre le sexisme, les LGBT-phobies et toutes les discriminations.
Aujourd’hui Stampaprint a le plaisir de rencontrer Veronica Noseda, coordinatrice nationale du Planning Familial / membre active de l’association Les Dégommeuses.
L’association Les Dégommeuses, installées à Paris, réunit des personnes de toutes origines, tous milieux sociaux et toutes orientations sexuelles. Leurs principaux points communs sont la croyance dans le sport comme vecteur d’émancipation et de mieux vivre ensemble et l’adhésion aux luttes pour l’égalité (femmes/ hommes, homos/ hétéros, etc.).
- Bonjour Veronica Noseda, activiste féministe et lesbienne, comment et quand est née l’association Les Dégommeuses ? A-t-il une signification particulier (historique, personnelle, etc.)
C’est ma compagne, Cécile Chartrain, qui fondé l’équipe de foot, ancêtre de l’association, en 2010. Au départ il s’agissait juste de réunir une bande de copines pour faire du foot ensemble. Les premières adhérentes étaient surtout animées par l’envie de « réparer » les frustrations subies pendant leur enfance, lorsque leur passion du foot avait été contrée parce que considérée comme inadapté pour des filles. Mais il n’a pas fallu beaucoup de temps pour comprendre que le foot, en tant que bastion masculin et viriliste, est également un terrain idéal pour lutter contre le sexisme, la lesbophobie mais aussi le racisme. Les Dégommeuses ont donc initié une série d’actions militantes visant à lutter contre les discriminations dans leur ensemble.
- Vous êtes installées à Paris, est-ce que ce contexte est plus ouvert par rapport aux autres villes françaises ?
Paris est certainement un endroit privilégié pour mener des actions militantes. Cependant, pour certaines personnes, il est toujours problématique de s’afficher en tant que gay ou lesbienne, y compris à Paris. Les Dégommeuses promeuvent la visibilité des lesbiennes et des trans, notamment dans le sport et par le sport, mais sont attentif.ves à respecter les souhaits de chacun.e. Le coming out est un processus, et n’a pas le même coût personnel et social pour tout le monde !
- Avez-vous reçu pendant ces année des menaces, insultes ou des épisodes mouvais ? Si oui, comment vous avez réagi et comment ont réagi qui vous a insultées ?Nous avons subi à deux reprises des agressions. La première fois, un groupe de jeunes a jeté des bouteilles pleines d’eau sur nous depuis le toit de l’immeuble qui jouxte notre terrain. La deuxième fois, un entraîneur nous a insulté.e.s (avec des paroles clairement lesbophobes). Nous avons porté plainte dans les deux cas, mais sommes convaincu.e.s que c’est surtout avec la pédagogie et le dialogue qu’on peut prévenir et surmonter ce type de situations.
- Quel est votre plus beau souvenir ou conquête dans le milieu de la lutte contre toutes les discriminations (lgbt, harcèlement scolaire/en ligne, sexisme, etc.)
Fort heureusement, il y a eu plein de progrès pour les femmes et les LGBT Mais cela ne peut pas nous faire oublier qu’être lesbienne, ou trans, ou Noir ou Arabe expose à des discriminations, parfois même à des humiliations. Les Dégommeuses essaient de s’engager dans le combat pour une société plus juste en essayant surtout de valoriser des identités souvent dénigrées : nous sommes lesbiennes, trans, racisé.e.s, réfugié.e.s et nous en sommes fier.es !
- Avez-vous des autres projets en cours ? Quels sont vos envies pour le futur ?
Nous travaillons beaucoup autour de la question des réfugié.e.s, notamment LGBT. Il s’agit de personnes qui ont dû quitter leur pays parce que persécutées en raison de leur orientation sexuelle ou identité de genre. Elles vivent souvent une situation de double discrimination, en tant que LGBT et en tant qu’étranger.ères. Les Dégommeuses proposent à celles et ceux qui le souhaitent d’intégrer l’équipe, pour s’épanouir grâce au sport et avoir des occasions de loisirs, loin des préoccupations quotidiennes. C’est un projet qui nous tient très à cœur, c’est notre rempart à nous contre la xénophobie qui malheureusement s’aggrave, y compris en France.