Comme nous faisons chaque semaine, nous nous entretenons avec une personnalité qui se dédie à un passion ou à une profession créatives: design, graphisme, cuisine, déco, photographie et bien d’autres.
Nous avons passé en revue les différents sujets photographiques et les milles potentialités expressives d’un appareil photo, par la voix d’auteurs-photographes talentueux qui ont voulu partager avec nous et nos lecteurs leur technique, leur expérience, leurs astuces. Après avoir abordé la photo artistique, outdoor, paysagère et naturaliste cette semaine c’est au tour de la photographie urbaine.
Nous avons eu le plaisir de parler avec Rodolphe Sebbah, spécialise par la photographie urbaine, il se définit lui-même comme un photographe « au ras du trottoir »
Diamantaire de formation, Rodolphe Sebbah se passionne depuis de nombreuses années pour la street photography. Son travail dans la rue et le métro a déjà fait l’objet de plusieurs publications en France et à l’étranger.
Très influencé par les photographes de rue américains des années 40/60 tels qu’Helen Levitt, Garry Winogrand, Robert Frank ou Saul Leiter, il se définit lui-même comme un photographe » au ras du trottoir ». A l’esthétisme et la stylisation il privilégie une photographie directe et objective reposant sur la saisie immédiate de la réalité.
Rodolphe Sebbah est le lauréat du Prix du Public au concours des ZOOMS 2014 organisé par le Salon de la Photo.
1. Bonjour Rodolphe Sebbah, photographe, Lauréat du Prix du publi aux ZOOMS 2014 . Lesous-titre de votre site dit « Streetphotographer ». Pouvez nous donner votre signification personnelle de le Streetphoto ?
D’une manière générale la street photography c’est la photographie que l’on pratique dans une ville, par opposition à la photo de paysage par exemple. Mais il ne suffit pas de prendre des photos en ville pour faire de la street photography. Par exemple les photographes spécialisés dans l’architecture ou pour qui l’urbanisme entre en grande partie dans leurs compositions sans que l’individu y tienne une place prépondérante ne se définissent pas comme des street photographes mais comme des photographes urbains.
Un street photographe témoigne du quotidien des habitants de sa ville, de leur vie presque intime, de leurs habitudes, de leurs tenues vestimentaires, de leurs manières de se déplacer et d’interagir entre eux. Il les photographie dans leurs cafés, leurs bus, leurs magasins, dans le métro, dans la rue quand ils se rendent au travail ou qu’ils accompagnent leurs enfants à l’école.
Un street photographe est un photographe du fil des jours.
2. Vous photographiez incroyablement les lieux urbaines et le spectacle de la rue. Avez-vous eu toujours cette prédilection pour le Streetphoto?
Oui c’est ce qui m’intéresse dans la photographie: photographier les anonymes, les gens ordinaires. Immortaliser les hommes et les femmes que l’on croise chaque jour mais que l’on ne regarde jamais, donner à voir des scènes sans importance, que personne ne songerait à prendre en photo.
Oui c’est ce qui m’intéresse dans la photographie: photographier les anonymes, les gens ordinaires. Immortaliser les hommes et les femmes que l’on croise chaque jour mais que l’on ne regarde jamais, donner à voir des scènes sans importance, que personne ne songerait à prendre en photo.
Souvent on me demande pourquoi j’ai pris telle ou telle photo et je réponds: « parce que sinon personne ne l’aurait prise « .
3. Les rues, la métropolitaine, les arrêtes de bus donc, mais nous voyons aussi dans vos séries une attention particulière aux portraits. Avez-vous une préférence pour les uns ou les autres ?
J’ai une prédilection pour les scènes de vie. Ce que vous appelez des portraits, n’en sont pas vraiment, les gens ne posent pas et l’objectif que j’utilise (50 mm ou 35 mm) n’est pas celui qu’utilisent les photographes de portraits. Disons que ce sont des gens pris d’un peu plus près…
4. Vous aimez beaucoup Paris. Avez-vous les bars, les arrêtes de bus, les rues, etc. Quel partie de cette ville est devenue particulièrement importante pour vous ?
Je préfère les quartiers populaires où les rues sont vivantes et pleine de monde, où à tout moment il peut se passer quelque chose. Dans ces quartiers il est encore possible de voir des enfants jouer dans la rue ou se promener en bande, sans adultes. C’est un spectacle qui a totalement disparu des quartiers bourgeois de la capitale.
5. Quand et comment ressentez-vous que c’est le moment précis d’appuyer et prendre le cliché?
J’agis par instinct. Parfois même je ne sais pas vraiment ce que je photographie, car ça va trop vite, mais je sens que de cette agitation, de ce mouvement ou de cet échange entre plusieurs personnes, il peut sortir une photo intéressante.
Un street photographe ne doit pas trop réfléchir, il doit être à l’affût d’un mouvement, d’une ambiance, d’un regard, d’une démarche… Le temps de la réflexion peut lui être fatal. Tout va très vite.
6. Quelles sont vos projets, envies…
Je suis en contact assez avancé avec un éditeur parisien pour l’édition d’un livre sur mon travail dans la rue. Rien n’est encore signé mais ça avance bien.
Mon envie est simple: continuer à photographier le Paris de ce début de XXIème siècle avec l’espoir que mes photos en resteront un témoignage précieux pour les générations futures.