Nous sommes le premier avril et, selon la tradition, c’est le jour des poissons d’avril, lorsque les farces, les canulars, les fausses nouvelles sont à l’honneur à tous les niveaux et dans toutes les situations. A l’école, dans les médias traditionnels et dans les rédactions en ligne, tout le monde s’adonne à échafauder le poisson d’avril le plus sensationnel, le plus amusant, le plus surprenant ou bien le plus vraisemblable et trompeur. Les grandes entreprises ne dédaignent pas non plus cette date et cette drôle de tradition, qu’elles exploitent pour faire parler d’elles-mêmes. Le premier avril, une sorte de compétition implicite est engagée entre les grandes firmes pour déterminer laquelle marquera l’histoire des poissons d’avril les mieux réussis. Les canulars soigneusement concoctés par les équipes du Bureau Marketing des différentes marques rentrent à part entière dans le nombre des outils de promotion les plus efficaces. Les réseaux sociaux ont d’ailleurs multiplié la force virale, la capacité de contagion de ce type d’instrument publicitaire, connu sous le nom de prankmarketing.
Qu’il s’agisse de nouvelles inventées de toute pièce, de produits manifestement inexistants à l’état actuel du progrès technologique, de mascottes publicitaires très peu croyables ou décalées, l’important n’est pas que ces blagues arrivent à tromper leurs cibles, mais qu’elles fassent parler de l’entreprise qui les a échafaudées.
Voyons donc quelques exemples devenus désormais célèbres, voire même classiques, de ces poissons d’avril exploités à des fins publicitaires.
Google est un incontournable quand il s’agit de blagues ou de farces du premier avril. Au fil des années, le moteur de recherche a même su aiguiser, raffiner ses canulars : les rues cartographiées par Google Maps qui se transforment dans le terrain du jeu-vidéo Pac-man, l’url du moteur de recherche inversé (com.google), l’annonce de la fermeture de Youtube, le lancement d’une application de recherche olfactive ou d’une peluche en forme de Panda capable de répondre à n’importe quelle question, pour n’en citer que quelques-uns.
Cette année aussi, le géant du web avait préparé un de ses poissons d’avril, mais malheureusement, celui-ci a été découvert et dévoilé trop tôt. Il aurait dû s’agir d’un nouveau téléphone, Nexus Space (Nexus fait partie de l’empire de Google), au sujet duquel un astronaute (pareillement inexistant), Alex Scott, aurait publié une description en date du 1er avril 1929. Une description adaptée aux caractéristiques d’un téléphone portable venant directement du futur (128 bit, 3.000 x 2.000 pixels et 131.072 MB de mémoire vive).
Amazon, le géant du commerce en ligne, n’a pas voulu renoncer non plus à cette tradition, ou mieux, à cette occasion de captiver de nouveaux e-clients. Il a inauguré une section très particulière de son site, où il est possible d’acheter tout ce qu’il faut pour faire des blagues efficaces et sympathiques à ses amis, à ses parents, à ses proches. En 2015, le poisson d’avril d’Amazon tablait sur le dépaysement de ses usagers : le premier avril 2015, l’interface du site se présentait dans sa version originelle de 1999. Une mise à jour à l’inverse !
Mais, bien avant l’avènement du web, les entreprises avaient déjà la coutume d’exploiter l’occasion du premier avril pour se faire de la pub. Sur un support en papier, évidemment. Et même après la naissance de la Toile, il y en a qui ont résisté au charme d’Internet et de la publicité numérique pour faire confiance aux supports publicitaires classiques, basés sur l’impression. Ainsi, en 1996, Mars Incorporated, le producteur des célèbres barres chocolatées au caramel, a acheté une page entière du quotidien britannique The Daily Telegraph pour annoncer aux sujets de Sa Majesté l’avènement d’une barre de chocolat spécialement conçue pour les gauchers. L’indication « droitier/gaucher » serait affichée sur l’emballage de la barre afin de pouvoir enlever le papier plus facilement.