Avec l’avènement de la presse en ligne, le domaine de l’édition et tout particulièrement les quotidiens traditionnels version papier ont du mal à survivre. C’est pourquoi toute publication a désormais son pendant numérique et pourquoi les rédactions sont obligées d’échafauder toute sorte de solution pour ne pas disparaître: partenariats les plus divers, publications satellites pour booster les ventes, différentes formules d’abonnement qui associent la version papier et la numérique, articles en ligne en accès limité etc. Pourtant, il y en a qui résistest au charme de la presse numérique pour défendre la valeur du support papier, grâce à une trouvaille inédite et, à notre avis, géniale. Le raisonnement qui s’y cache derrière est le suivant. Au lieu de « se compromettre » avec le monde numérique, pourquoi ne pas revaloriser le caractère éphémère du support papier pour en faire non plus un point de faiblesse, du fait du surcoût qu’il comporte par rapport aux contenus en ligne, mais un véritable atout, porteur de quelque chose d’innovant que le web ne permettrait pas ? Et voilà l’idée de créer le premier quotidien imprimé qui, après lecture, peut se planter et donner vie à des fleurs ou à des plantes. Au Japon, quand vous terminez la lecture de The Mainichi Shimbunsha, au lieu de le jeter à la poubelle, en le triant bien sûr, vous pouvez en alternative le mettre dans un vase et avoir juste un peu de patience jusqu’à ce que de jolies fleurs ou des plantes aromatiques ne poussent.
Même si cela peut sembler une blague, ce n’est que le dernier avant-poste d’un progrès qui rime de plus en plus souvent non seulement avec les nouvelles technologies, mais aussi avec des concepts comme récupération, recyclage et seconde vie des déchets. Le papier utilisé pour The Mainichi Shimbunsha est d’une typologie très particulière, sur le marché depuis il y a déjà quelques années désormais, qui naît du mélange entre du papier recyclé, des semences de fleurs ou d’herbes aromatiques et de l’eau. Pour le faire germer, la démarche est aussi simple qu’elle est incroyable de prime abord: il suffit de couper le quotidien en petits morceaux, de les enterrer dans un vase et de les arroser de temps en temps… un peu de patience, et là où il y avait avant des signes, des photos, des éditoriaux, les fleurs ou les herbes commenceront à pousser !
Il est certes difficile d’imaginer que cette initiative puisse être copiée par d’autres journaux dans le monde. Et ce pour des raisons très concrètes comme l’approvisionnement de ce type de papier ou le coût du même, certainement plus élevé que celui du papier classique utilisé par les rotatives. L’idée de The Mainichi Shimbunsha a une valeur qui est d’abord symbolique. Il montre non seulement qu’il est possible de continuer à imprimer des journaux version papier, mais on peut même le faire de manière écologique et verte. Au-delà de cette démarche durable inventée par le groupe éditorial nippon, à ce moment-ci, certains d’entre vous doivent sans doute se demander : mais est-ce rentable aussi ? Pour répondre à cette question tout à fait légitime, un chiffre suffit à lui tout seul: The Mainichi Shimbunsha tire à quatre millions d’exemplaires chaque jour.
Donc, si cette initiative peut servir à faire fleurir de nouveau la presse écrite traditionnelle, autant la faire germer ailleurs aussi !