Vous vous en serez certainement aperçus. C’est devenu un rendez-vous désormais habituel: celui avec l’invité de la semaine du blog WE de Stampaprint. De semaine en semaine, nous nous entretenons avec une personnalité qui se dédie à un passion ou à une profession créatives: design, graphisme, cuisine, déco, photographie et bien d’autres.
Depuis quelques temps, c’est justement la photographie est à l’honneur dans notre section cosacrée aux interviews. Nous avons passé en revue les différents sujets photographiques et les milles potentialités expressives d’un appareil photo, par la voix d’auteurs-photographes talentueux qui ont voulu partager avec nous et nos lecteurs leur technique, leur expérience, leurs astuces. Après avoir abordé la photo paysagère et naturaliste, artistique, outdoor, urbaine, intime et de nu, cette semaine c’est au tour de la photographie de sport. Un genre peut-être moins connu, dont nous avons parlé avec Mickaël Bonnami. Il s’occupe de sport certes, mais pas que. Vous pourrez le constater vous-mêmes en lisant notre entrevue !
Mickael Bonnami, bonjour. Vous êtes spécialisé dans la photographie de sport. Qu’est-ce qui est venu en premier ? Votre passion pour le sport ou pour la photographie ? Comment et quand êtes-vous arrivé à concilier ces deux passions ?
J’ai toujours été passionné par le sport et les sportifs et j’ai toujours apprécié la photo. L’idée de concilier les deux est venue tout naturellement sans aucun calcul de ma part. Mes débuts en tant que photographe sportif, je les ai faits en suivant les entraînements des Girondins de Bordeaux au Haillan. Puis petit à petit je me suis pris au jeu et j’ai voulu tester de plus en plus de sport, jusqu’à l’obtention du statut professionnel en 2008.
L’essence du sport est le mouvement. Le fait de tirer des clichés figés, immobiles d’un match, d’une compétition sportive va presque à l’encontre de la nature même du sport. Quel est votre avis là-dessus ?
Mes clichés ne sont pas essentiellement figés justement. On associe souvent le sport au seul mouvement. Heureusement, le monde du sport est bien plus varié et complexe. En « figeant » une action, on a la possibilité de montrer ce qui est indiscernable pour l’œil humain. Mais on peut aussi donner du mouvement à une photo, c’est techniquement et artistiquement réalisable. Pour ma part, j’aime saisir de belles actions, mais aussi des postures, de la tension ou des émotions. Bref tout ce qui fait l’essence même du sport.
D’un point de vue technique, quelles sont les péculiarités de la photographie de sport, d’ événements sportifs ?
Le sport apporte des contraintes techniques parfois importantes. Le manque de lumière en salle, la rapidité de certains sports, les placements hasardeux et les conditions climatiques parfois compliquées en extérieur, sont autant de difficultés auquel le photographe de sport va devoir se confronter.
A mon sens, la photo de sport est assez similaire à la photo animalière. Ces deux domaines ont pas mal de points en commun.
Trois astuces fondamentales pour quelqu’un qui veuille se concacrer à ce type de photographie.
Chacun aura le choix de se créer des astuces. En revanche, il y a trois points cruciaux selon moi :
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Etre passionné de photo et ne pas seulement vouloir vendre de la photo
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Etre passionné de sport, sinon on ne peut pas vouloir mettre en valeur ce domaine
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Aimer ou apprécier les sportifs, sinon je ne crois pas qu’on puisse les respecter et réussir de beaux clichés
De par votre expérience, y a-t-il un ou plusieurs sports qui se prêtent à être pris en photo plus que d’autres ? Quel est le sport ou le type d’évènement sportif qui vous donne le plus de satisfaction ?
Le sport qui se prête le plus en photo est souvent celui qu’on apprécie le plus. Personnellement, je pense que tous les sports ont de l’intérêt, il faut juste creuser pour le débusquer.
J’apprécie particulièrement les « grosses » compétitions. Plus il y aura de tensions liées à l’enjeu, plus il y aura de moments forts à saisir. Que ce soit en termes d’action, de joie ou de tristesse. Peu importe le sport, c’est l’enjeu qui sera le moteur de ma satisfaction. Après, même sur des compétitions de moins haut niveau, on peut avoir des sportifs et des sportives particulièrement compétiteurs et expressifs aussi bien sûr.
J’apprécie tout particulièrement le sport féminin, parce que les femmes sont généralement aussi compétitrices qu’expressives et c’est un vrai bonheur pour le photographe.
Vous êtes basé en Gironde. Avec ses richesses paysagères et naturelles, la région bordolaise et l’Aquitaine toute entière vous permettent de vous consacrer aussi à la photographie de paysage et animalière. Quelles sont les différences principales par rapport à la photographie de sport, qui met l’humain à l’honneur ?
La photographie, quel que soit le domaine, présent toujours plus ou moins les mêmes difficultés techniques. L’ennemi numéro un du photographe c’est la lumière. Mais c’est aussi sa meilleure amie… La photo de paysage demandera un matériel différent et une vision différente de la photo de sport, mais dans le fond, la démarche est la même, mon but est de mettre en valeur mes sujets.
La photo animalière présente beaucoup de points communs avec la photo de sport, c’est pour cette raison que ce sont mes deux domaines de prédilection.
Choisissez deux photos de paysage et deux clichés animaliers que vous estimez les mieux réussis et décrivez-les à nos lecteurs.
Rien de plus difficile pour un photographe que de choisir ses meilleurs clichés… Ce qui est réussi pour moi ne le sera pas pour tout le monde. Sur mon blog, je décris souvent la genèse de mes photos, tout en gardant une note d’humour parce que la photo doit rester un plaisir.
Je ne sais pas si c’est une de mes photos les plus réussie, ce qui est sûr c’est qu’elle a eu son succès auprès de nombreuses personnes. Ce cliché est un bon résumé de mon séjour en Islande, une terre de glace toujours en mouvement. La difficulté principale, outre le froid, c’est de saisir l’arrivée des vagues en pose longues sont noyer son matériel ou finir soi-même à l’eau, ce qui serait particulièrement dangereux…
On est toujours en Islande avec ce cliché, cette fois-ci dans le calme port de la ville de Hofn au sud-est de l’île. Le coucher du soleil apporte de magnifiques couleurs à des paysages qui le sont tout autant, que demander de plus ? Il suffit juste d’être au bon endroit et au bon moment pour saisir cet instant furtif (quelques minutes seulement).
Les rennes sur la photo ne vont pas combattre, ils sont plutôt liés dans l’adversité. Ils se sont battus tout l’hiver pour survivre dans des conditions parfois dantesque en termes de froid, d’humidité, de vent, neige et j’en passe…
La difficulté pour le photographe est de localiser les rennes pour ensuite les photographier sans aucunement les déranger. On veut toujours être au plus près, mais il faut savoir renoncer à faire le pas de trop pour ne pas risquer inutilement une vie. Vivre quelques dizaines de minutes auprès d’eux, dans les mêmes conditions climatiques force le respect, je peux vous l’assurer !
Le Martin-Pêcheur est un oiseau emblématique que tout photographe souhaite capturer en photo. Mais ce n’est pas si simple car l’oiseau est petit et rapide. Il n’est pas aisé de le localiser et encore moins de trouver les bons spots pour le photographier. Pour pouvoir être aussi près, j’utilise un affût fixe bien camouflé. En espérant que l’ami Martin vienne me rendre visite, ce qui n’est pas toujours le cas.
La photo est une passion que vous cultivez non seulement dans le Sud-Ouest, mais aussi dans vos déplacements. Je pense à l’Islande, à l’Ecosse… Illustrez-nous trois photos que vous avez prises au cours de vos voyages. Le déplacement dans un contexte paysager différent de l’Aquitaine vous a-t-il permis d’apprendre quelque chose de nouveau au niveau technique ?
La technique ne se limite pas à la géographie et heureusement. J’ai surtout appris qu’on pouvait préserver des paysages de la nuisance humaine et ce n’est pas négligeable. En Ecosse ou en Islande les paysages sont magnifiques parce que les Ecossais et les Islandais ont su protéger leur patrimoine sans l’urbaniser à tout va comme on peut le faire en France.
L’Aquitaine est une belle région aux paysages divers. Peu de régions ont cette chance. L’urbanisation est très présente, mais dans de nombreux secteurs elle reste encore contenu et il faut que ça perdure pour protéger notre patrimoine naturel.
Cette photo a été prise sur la côte sud de l’Islande, c’est une puissante aurore boréale qui a illuminé le ciel ce soir-là. C’est une chose que je souhaitais voir une fois dans ma vie, c’est maintenant chose faite.
En Ecosse, l’Ile de Skye est un véritable paradis pour les photographes. Cette photo retranscrit bien ce que m’évoque cette île très mouvementée. C’est sûrement un des lieux en Ecosse qui se rapproche le plus des paysages islandais.
Lors de mes voyages, je ne m’intéresse pas seulement aux paysages. J’ai pu prendre en photo les rennes d’Islande, les biches d’Ecosse, mais aussi les fameux écureuils londoniens. Ces derniers ne sont pas si simple à photographier qu’on peut le croire, mais dans tous les cas on passe un bon moment à les observer dans les différents parcs de Londres.
Une photo pour illustrer le caractère de la ville de Bordeaux à quelqu’un qui ne l’ait jamais visitée.
Cette photo du pont Chaban-Delmas illustre bien le renouveau de la ville de Bordeaux. On a d’un côté la modernité du pont et de l’autre la Garonne qui coule au milieu de la ville depuis des millénaires.
Crédits photos de l’article: © Mickaël Bonnami