Stampaprint est une imprimerie en ligne spécialisée dans l’impression de flyers et affiches publicitaires. Depuis quelques semaines, l’équipe de Stampaprint est en train de passer en revue les différents genres photographiques. Aujourd’hui la rédaction de WE, le blog de l’impression et de la créativité de Stampaprint, a voulu aborder un type de photographie que peut-être la plupart d’entre nous ignore: la photographie médicale. Sylvain Teissier travaille au CHU de Nice et va nous guider dans la découverte de ce type de photographie, où les clichés servent le progrès de la science médicale. D’ailleurs, l’en-tête de son blog est parlant: Les images peuvent soigner. Envie d’en savoir plus? Lisez notre interview!
Sylvain Teissier, bonjour. Vous travaillez au CHU de Nice … en qualité de photographe médical. Une question qui vient spontanément et immédiatement à l’esprit : qu’est-ce qu’un photographe médical ?
La photographie médicale est un genre très particulier de la photographie ; il suffit de faire une recherche sur Google Images pour s’en rendre compte. Là où habituellement un photographe sublime son sujet, le photographe médical fait tout l’inverse. Il doit réaliser en studio, au bloc opératoire ou bien au chevet des patients des images précises et objectives sur des blessures, des maladies ainsi que sur le déroulement des opérations et des procédures médicales. Avec la simplification des moyens de tournage, notamment grâce aux appareils photos reflex qui filment, la vidéo fait partie intégrante du métier.
C’est un domaine très spécifique et particulier, comme vous le disiez. Comment vous y êtes-vous engagé ? Avez-vous inventé ce métier de toute pièce ? Quel était votre centre d’intérêt primaire, la photographie ou le milieu médical et les métiers de santé ?
Effectivement c’est un métier de niche en France, la discipline est peu représentée alors que c’est très courant en Angleterre. J’ai commencé cette activité il y a plus de 10 ans en postulant à une offre d’emploi du CHU. Je venais de finir mes études (BTS Audiovisuel option IMAGE). Je n’avais aucune expérience dans le monde médical mais j’avais déjà la passion de l’image et de la photographie.
Est-ce que ce type de photographie joue un rôle d’un point de vue justement médical ? Quel est son apport à la médecine, en tant que science ?
La photographie médicale joue un grand rôle dans les disciplines où j’interviens. Les images produites peuvent être utilisées pour la mesure et l’analyse dans le cas d’une étude scientifique par exemple. Les photographies sont utiles pour illustrer des articles scientifiques ou des documents de recherche. Elles peuvent être également utilisées à des fins éducatives. Enfin, et c’est une partie importante de mon travail, je produis des images médico-légales pour la Chirurgie réparatrice et esthétique (avant, après…) qui doivent être obligatoirement incluses dans le dossier patient avec une contrainte de répétabilité donc un protocole de réalisation très précis.
Et quel est son intérêt créatif, artistique pour vous ?
Sur les points évoqués plus haut, aucun ! La créativité du photographe ne doit pas transparaitre dans ces images, ce n’est pas le but. C’est pourquoi j’ai entamé un travail plus personnel, plus artistique au bloc opératoire. Il existe dans ce lieu une atmosphère très particulière en partie à cause de l’unique source de lumière très puissante et directionnelle qu’est le scialytique. Entre deux prises de vues « techniques » j’essaye de réaliser des photos plus créatives que le grand public n’a pas l’habitude de voir…
La photographie médicale a-t-elle des points en commun avec d’autres genres photographiques que vous pratiquez ? Je pense par exemple à la photographie macro.
La photographie médicale peut être à la fois de la photographie de portrait, de la photographie de studio et de la macrophotographie. D’un point de vue technique c’est pareil, par contre c’est le contact avec le sujet qui est différent. Je prends des patients en photo, il faut avoir du tact et de la diplomatie pour les mettre à l’aise ce qui n’est pas toujours facile.
Vous optez souvent pour le noir et blanc. Pourquoi ce choix ? Est-ce pour traduire la froideur des instruments chirurgicaux, l’asepsie du milieu hôpitalier et du bloc opératoire en particulier ?
J’aime beaucoup le noir et blanc qui donne un côté intimiste et parfois vaporeux à la photo. C’est propice à installer une ambiance mais je ne m’interdis pas de faire des photos en couleur, ça dépend de l’instant et de l’émotion que ça me procure. D’ailleurs c’est plutôt la couleur, froide de préférence, qui traduit bien le milieu médical et la chirurgie.
Comment vous préparez-vous en vue d’entrer dans le bloc opératoire ?
Je vais au bloc opératoire sur demande du chirurgien, pour photographier ou filmer une intervention ou un bout d’intervention. J’échange ma tunique blanche contre une tenue de bloc jetable bleue, avec masque et charlotte sur la tête. Je nettoie avec une chiffonnette mon matériel et bien sur je veille à ne pas m’approcher trop près du champ opératoire car je ne suis pas stérile. Entre deux prises de vues techniques, j’en profite pour réaliser des photos d’ambiance qui viennent enrichir ma série.
Une intervention chirurgicale est quelque chose de très intime pour les patients et qui nécessite beaucoup de concentration chez les chirurgiens. Votre objectif guette ces deux sujets. Quelle est la relation que vous établissez avec les uns et les autres ?
Avec le temps j’ai établi une relation de confiance avec les chirurgiens. Ils connaissent mon travail et nous collaborons sans peine. Je n’ai aucun mal à les prendre en photo car ils savent que je suis là pour les aider dans leur travail et dans mon approche photographique, plus personnelle et artistique, c’est eux et leurs équipes que je désire mettre en valeur.
Dans mon studio photo je suis en contact direct avec le corps des patients. Ce n’est pas toujours facile car je suis un inconnu pour eux et je dois très vite les mettre à l’aise et bien leur expliquer le pourquoi des photos et leur importance (avant l’intervention, le suivi post-opératoire…).
Choisissez et décrivez aux lecteurs de WE, le blog de la créativité de Stampaprint, un cliché qui puisse nous faire entrer dans la démarche de la photographie médicale.
Cette photographie a été prise il y a plusieurs années. C’est grâce à elle que je me suis rendu compte qu’on pouvait faire de la « PHOTOGRAPHIE » dans un bloc opératoire pendant une intervention chirurgicale. Deux chirurgiens de la main opèrent un enfant de 2 ans qui est né sans pouce. Ils utilisent l’index de l’enfant pour le mettre à la place de son pouce absent, on appelle cette opération une pollicisation de l’index. On assiste à un véritable ballet avec la position délicate des mains des médecins et leurs instruments dirigent notre regard vers la main d’enfant. Je suis très attaché à cette image.
Le bleu revient à plusieurs reprises dans vos photos. C’est la couleur de la blouse des chirurgiens. Mais c’est également la couleur de la mer et du ciel de la Côte d’Azur, où vous vivez et travaillez. Illustrez-nous trois de vos photos de paysages ou de villes de cet endroit magnifique.
Je ne suis pas vraiment doué pour la photo de paysage, chacun son truc, mais en voici tout de même trois.
Une vue de Nice en soirée, le Château de Cagnes-sur-Mer, la ville où j’habite, près de Nice, et enfin l’entrée du port de Saint-Laurent-du-Var.
Crédit photos de l’article:
© Sylvain Teissier