Good Morning Toulouse, web radio libre qui avec son nom fait référence au film de Richard Curtis, Good Morning England, et Good Morning Vietnam de Barry Levinson. We le blog de Stampaprint, leader européen du Web to Print, spécialisé dans l’offre de cartes de visite ou banderoles publicitaires ; vous propose de découvir aujourd’hui l’interview de Thomas Husar-Blanc auteur et président de la web radio Good Morning Toulouse. Web radio étudiante faite par les étudiants qui traite de sujets culturels, politiques, universitaires et sportifs à propos de Toulouse et sa région. Radio qui s’adresse particulièrement aux jeunes. Pour la petite histoire, personne ne voulait donner la parole à des personnes sans expérience (dans le monde de la radio), donc en 2011 ils ont décidé de créer leur propre radio. Oui, une radio libre, qui s’accorde très bien à la ville rose…
Thomas Husar-Blanc : « Je rajoute juste un point pour dire que j’écris énormément et m’en excuser auprès des lecteurs. »
Selon vous, quels sont les éléments essentiels à la création d’une web radio ?
Je ne saurais pas vraiment répondre à cette question mais je sais pourquoi il est important que les web radios existent. Dans le contexte médiatique dans lequel on baigne à l’heure actuelle, je pense qu’il est important de proposer des alternatives, de la nouveauté, en termes de forme comme de fond. On dit trop aux gens ce qu’ils doivent faire et comment ils doivent le faire. En résultent des émissions qui se ressemblent toutes et des opinions jamais renouvelées. Une web radio, ça n’est pas là pour révolutionner le monde de la radio, ni le monde en général, c’est juste un endroit où des gens peuvent s’essayer à la création de contenu radiophonique sans qu’on leur explique que ce qu’ils font n’est pas bien parce que ça ne touche pas la bonne audience ou parce que ce n’est pas comme ça qu’on est censé faire. Les web radios, en tant qu’espace d’expérimentation personnelle autant que radiophonique, sont éminemment vertueuses. La seule chose essentielle (pour répondre peut-être à la question), c’est d’en avoir l’envie. Une fois qu’on l’a, on peut se poser des questions matérielles ennuyantes parce que si on n’a rien pour s’enregistrer ou si on n’a pas d’argent pour être diffusé, c’est un peu la galère. Mais l’argent ça se trouve, plus ou moins rapidement. On a une ancienne de G.M.T. qui veut créer sa web radio à Paris avec des potes et ce n’est pas facile facile. Elle a lancé un kick starter, mais qu’est- ce qu’elle va faire si ça fonctionne pas ? Elle va rejoindre une structure existante et comme ses idées sont bonnes, les personnes qui dirigent cette structure vont lui permettre de faire entendre sa voix. Et elle lancera sa Radio Des Voyous pour faire entendre d’autres voix. C’est ça notre rôle, faire entendre des voix. Jeanne d’Arc n’aurait pas été Jeanne d’Arc sans les web radios.
Pour votre radio, et vous-même, quels sont les avantages que vous apporte la ville de Toulouse ?
Toulouse c’est une ville abominable pour nous parce qu’elle est hyperactive. Presque au sens médical du terme. Il y a toujours un événement à couvrir, des artistes à voir absolument, des associations qu’il faut rencontrer, des gens normaux qui ont des idées géniales… C’est très fatigant Toulouse, surtout la jeunesse Toulousaine. Tu ne peux pas dire une idiotie sans te lancer à corps perdu dans un débat philosophique, politique, éthique, culturel, artistique, scientifique, tout ça à la fois et tous les autres en même temps. Je pense qu’on ne se rend vraiment pas compte, même en tant que toulousains, du vivier immense de talents et d’esprits neufs qu’on côtoie tous les jours. C’est peut-être vrai dans toutes les autres villes de France, de Navarre et du monde, peut-être que c’est la jeunesse du monde entier qui, voyant ce que leurs prédécesseurs ont fait du monde, refuse tout bonnement et simplement d’être un pion sur cet échiquier pourri. Mais à Toulouse, ça transpire, ça suinte la rébellion active. À Toulouse, on sait pertinemment qu’on n’a pas d’avenir alors on s’en crée un. À Toulouse, on ne peut pas vivre tranquillement sa vie de consumériste sans être accablés de propositions culturelles novatrices, de projets sociaux extraordinaires, d’initiatives citoyennes époustouflantes. Toulouse c’est la pire ville du monde si on veut rester con.
Quelles sont les conditions pour devenir chroniqueur chez Good Morning Toulouse ?
La condition c’est de vouloir en être et de ne se permettre de faire l’apologie d’une chose que si on sait qu’on aura des contradicteurs ou si on a assez d’esprit critique pour remettre en question ce en quoi on croit. C’est tout. L’absence d’expérience, on s’en fout. L’absence d’auditeurs potentiels, on s’en fout. On n’est pas une web radio destinée aux étudiants et aux jeunes par nos programmes mais parce que ce sont eux qui les font. Si quelqu’un vient un jour proposer une émission destinée aux retraités sur les championnats du monde de Scrabble, c’est avec plaisir qu’on l’accueillera. Parce qu’il ne pourra pas la faire ailleurs, parce que personne ne croit au projet. Peu importe le projet, s’il est soutenu par une seule personne, c’est une raison suffisante pour nous de le soutenir. On est là pour apporter à n’importe qui les moyens de créer du contenu radiophonique : le matériel, la diffusion et la formation technique. Nous ne sommes pas une école de radio, nous sommes une école de tentatives donc d’échecs spectaculaires et de succès relatifs. Et je ne sais pas si c’est moi qui suis idiot mais je trouve ça beau.
Quel est le style de musique favori de la rédaction ? Pourquoi ?
C’est sans doute l’électro par simple formatage, je pense. Mais, outre plaisanterie, en réalité, c’est très dur de répondre à cette question. Même quand je dis « l’électro » ça ne fonctionne pas, parce que pour moi qui y suis peu sensible, l’électro, c’est un tout qui rassemble à peu près n’importe quoi tant qu’il y a des sons pas « naturels » et je mets de grosses guillemets autour de ce terme. Mais si je dis ça à quelqu’un qui écoute ce qui pour moi n’est que de l’électro, il va y avoir une demi-seconde de volonté de meurtre dans ses yeux. Je crois qu’en réalité, on écoute tous de tout. C’est stupide à dire parce qu’on a forcément des préférences et des styles de prédilection mais je crois que c’est ce que je peux dire de plus vrai. Pour se donner une idée, on a fait une soirée au Connexion le 2 Décembre avec les Phoney Perfection, pop-punk, The Deserteurs, rock à l’ancienne, Ruby Cube, rock-electro, Tonahja, DJ new Funk, et South Tales, DJ drum’n’bass. Ça n’a pas de sens, absolument aucune cohérence stylistique, et pourtant on a kiffé. Et ça ce n’est qu’un exemple, si vous saviez les trucs chelous qu’on écoute…
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur l’émission « C’est la Merde ! », que l’on retrouve le samedi de 19h à 20h ?
«C’est La Merde, tout le monde le voit, c’est le bordel, nous allons tous droit à la dépression cancéro-tractée vers le fond du fond du gouffre de l’infinité abyssale de merde, mais c’est pas une raison pour faire la gueule.»
Ah, ça c’est mon émission perso, c’est avec le prototype de cette émission que j’ai rejoint G.M.T. il y a trois ans. À la base, j’avais juste envie de faire des chroniques à la radio, parce que je suis fan de Desproges et de ses Chroniques de la Haine Ordinaire. C’était un truc qui me trottait dans la tête mais j’avais jamais pensé m’y mettre réellement, je ne voyais pas comment intégrer une radio sans expérience. Je vous passe les détails mais en gros, G.M.T. est passé par là, m’a pris par la main et m’a dit : « T’inquiète, ça va bien se passer. » Du coup j’ai fait deux chroniques en free-lance, j’ai été intégré à l’Agenda, une émission d’actualité, entre autres, politique. Puis, comme je n’étais pas à fond dans leur délire au niveau du montage de l’émission, j’ai proposé la mienne qui a été acceptée sans souci. J’ai monté une équipe, on s’est lancé et ça va maintenant faire la troisième année que l’émission existe. En gros, c’est un talk-show introduit et animé par Gaspard. Ca s’enchaîne avec moi qui balance un billet d’humeur souvent morose et parfois rigolo, on débat, ensuite. Valentin fait un peu n’importe quoi « dans une perspective historique » (il avait un concept génial la première année : « Les fils de pute dans l’histoire d’une thématique » mais depuis il cherche un truc aussi génial sans trouver) et on en cause. Caro, une nouvelle, raconte ses galères (qu’on peut également retrouver sur la page Facebook « Vis ma vie de galère »), Florian nous balance une musique affreuse qu’il a retrouvée dans les tréfonds de l’internet et finalement, pour finir sur une note plus douce, Valentin revient pour faire une chronique zoologique sur un animal quelconque si possible pas en voie d’extinction.
Avant on avait Céline qui prenait pour prétexte un racontage de vie pour expliquer des expressions et des mots chelous de la langue française. On a eu Rodolphe, spécialiste de la Renaissance, qui venait nous causer Histoire, Bastien et Aymeric qui faisait un zap radio parodique dans l’esprit des deux minutes du peuple, Amélie qui est venu faire des chroniques gauchistes, Ahmed et Anna qui nous ont dépannés en jouant un faux magicien et son assistante parce que personne n’était dispo pour l’émission, et Guilhem qui venait juste gueuler contre le cinéma actuel sans avoir vu les films parce que c’est Guilhem. Il a d’ailleurs lancé sa propre émission sur G.M.T., les Cinéphages, dans laquelle il causera cinéma avec d’autres gens. Mais faut savoir qu’il a changé, il dit toujours autant de conneries mais il fait moins saturer les micros, c’est déjà ça.
Bref, tout ce fatras pour dire que cette émission n’a aucun sens et que toute la ligne éditoriale est résumée dans son titre. On a testé des dizaines de concept complètement absurdes, il doit y en avoir deux qui ont fonctionné mais on les a laissés tomber quand même, parce qu’on voulait tenter autre chose. Et je suis le président de la web radio ! C’est dire l’exemple que je donne ! Cet exemple, le voici : « On s’en fout, faites ce que vous voulez, on aura forcément des conseils à vous donner mais en aucun cas on vous forcera à les appliquer. »
Quelles sont les nouveautés prévues pour 2016 chez GMT ?
Ce n’est pas vraiment à moi de parler des nouveautés prévues, on a quelques chantiers en cours du côté du Conseil d’Administration mais on ne peut pas vraiment parler de nouveautés. On s’est inscrit dans une dynamique d’ouverture vers des partenaires différents de ceux qu’on avait jusqu’ici, on est toujours en recherche d’un studio fixe qui nous appartienne, on va sans doute changer le format des soirées qu’on faisait jusqu’ici, mais ça c’est rien de bien important. Les vraies nouveautés, elles sont imprévues. Elles viendront des membres. Ce n’est pas une façon de se dédouaner si on ne propose rien de nouveau en 2016, même si ça en serait une bonne de le faire. C’est juste la conséquence logique de tous mes palabres plus hauts : on est là pour que les gens fassent ce qu’ils veulent dans la limite de nos moyens. Nous on va essayer de filmer des émissions, de proposer un ersatz de Burger Quizz, de relancer des FreeStyle filmés, on sera au George And Dragon de temps en temps pour enregistrer des interviews ou des émissions, bref, on ne va pas rien glander. Mais on n’est pas la vraie force de proposition de l’association. On permet aux choses de se faire, c’est tout.
En quelques mots …
Un film ?
Brazil pour me la péter, La Cité de la Peur, en vrai.
Un plat ?
Ça dépend de la saison, là c’est raclette. Ou truffade.
Une émission TV ?
Post-Scriptum, présenté de 1970 à 1971 par Michel Polac, puis Elisabeth Antébi, sur la deuxième chaîne couleur de l’ORTF.
Retrouvez Good Morning Toulouse sur de nombreux concerts et festivals de musique (Jerkov et Bleu Citron), mais aussi sur des évènements théâtraux, cinématographiques et littéraires grâce aux nouveaux partenariats que la web radio a obtenu dernièrement avec Electrons Livres, une association qui promeut le livre et la lecture et qui rassemble cinq librairies indépendantes de Toulouse, Terres de Légendes, Terra Nova, Croquenotes, Oh les Beaux Jours et Série B. GMT est aussi en partenariat avec le fameux George And Dragon, où ils réalisent des interviews sur place et donc «permettent à tous de voir des types faire de la radio. »