A la fin, comme cela arrive très souvent, les rumeurs sont devenue réalité. Le premier à lancer l’alarme avait était le Financial Times. D’après ce quotidien, dans le cadre de la renégociation des accords avec d’importants labels, Spotify se serait apprêté à accorder à ses abonnées Premium l’accès exclusif aux certains nouveaux contenus (chansons ou albums) pour un certain temps. Et il en sera effectivement ainsi. Le premier label qui pourra décider de réserver certaines sorties aux utilisateurs payants de Spotify sera Universal, un des plus gros de toute évidence. Mais il est fort prévisible que bientôt d’autres s’ajouteront à celui-ci.
En apparence, cet accord marque la fin d’une époque, celle de l’écoute en toute liberté de n’importe quelle sortie musicale grâce aux plateformes de diffusion en continu, mais cela n’est vrai qu’en partie. Tout d’abord, parce que, selon ce qui est ressorti sur l’entente entre Spotify et Universal, l’exclusivité aura une durée limitée à environ une quinzaine de jours, après lesquels tout le monde pourra accéder aux chansons ou aux albums à l’origine réservées aux comptes Premium. Si jusqu’à présent, les avantages d’un abonnement Premium à Spotify incluaient juste une meilleure qualité sonore et l’absence d’annonces publicitaires, maintenant la distinction entre les deux catégories d’utilisateurs se creuse davantage avec l’introduction de cette nouveauté. Ceux qui ne s’abonnent pas à la plateforme risquent en effet de ne pas pouvoir suivre les dernières sorties musicales, ce qui peut être plutôt gênant surtout quand il s’agit d’artistes de premier ordre.
Cette marche arrière de Spotify par rapport au libre accès inconditionné de ses contenus sera-t-elle suivie par d’autres plateformes offrant un service semblable ? Pour l’heure, la formule utilisée a été celle de Spotify du début, avec un service gratuit, assorti de contenus publicitaires auxquels on ne peut pas échapper, et un service payant en abonnement, qui dispense de l’écoute forcée d’annonces promotionnelles. Maintenant les autres plateformes de musique en continu ont deux alternatives : soit s’aligner à Spotify, pour essayer de multiplier les abonnements, soit tabler sur le service à titre gracieux pour essayer de lui arracher des utilisateurs et augmenter ainsi leurs recettes publicitaires. Pour l’instant, la première voie, celle de l’adéquation au concurrent Spotify, a été empruntée par exemple par iTunes, qui oblige désormais à s’abonner après trois mois d ‘essai.
Le choix de Spotify est justifié par son bilan. Si l’année dernière la firme suédoise a quasiment doublé ses bénéfices par rapport à 2015, toujours est-il que les dépenses les plus remarquables auxquelles il doit faire face sont liées aux royalties des labels ou des artistes (environ 1,6 milliards d’euros en 2016). L’accord avec Universal prévoit comme contrepartie une baisse de ces droits et est donc à même de satisfaire les deux parties.
A côté des acteurs traditionnels du marché de la diffusion musicale en continu, il y en a un autre, nouveau, qui semble vouloir investir dans ce segment de marché. Il s’agit de Facebook qui voudrait proposer de la musique directement sur le mur de ses utilisateurs. Facebook a toujours affiché avec orgeuil la gratuité de ses services, ce qui paraît exclure la possibilité que celui-ci créera une formule en abonnement pour ce nouveau service. Quel que sera le choix du groupe guidé par Mark Zuckerberg, les autres plateformes actives sur ce marché se doivent d’être sur leurs gardes.
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