Vu depuis l’extérieur, le secteur des médiax sociaux, toujours plus vaste et rentable, ressemble beaucoup à un immense échiquier partagé entre de grands groupes qui, à travers leurs coups, cherchent à s’approprier les pions les plus appétissants et prometteurs. Dès qu’une plateforme sociale devient suffisamment populaire, tout de suite elle est rachetée par un géant de la Toile. La dernière acquisition a été officialisée il y a quelques heures et a pris tout le monde un peu au dépourvu. Le groupe Microsoft a annoncé le rachat de LinkedIn, le réseau social des contacts professionnels. Le coût de cette opération, qui sera finalisée d’ici la fin de l’année, est de 26,2 milliards de dollars, soit 196 euros par action. Un accord décidément important, d’un point de vue économique et financier mais surtout de celui des rapports de force du Web.
Un investissement que l’on dirait sûr pour la société guidée par Satya Nadella, pour laquelle cette acquisition constitue le premier banc d’essai depuis qu’elle est à la tête de cette marque américaine historique. Il suffit de penser que LinkedIn, un réseau social qui s’adresse aux professionnels, né en 2002 mais mis en ligne seulement l’année suivante, a vu le nombre de ses usagers augmenter de 19% exclusivement en 2015. Le total des usagers enregistrés sur cette plateforme atteint désormais les 433 millions. Jusqu’à présent, Microsoft, un géant de l’informatique, était resté un peu à l’écart quand il s’agissait du monde des médias sociaux. L’acquisition de LinkedIn par Microsoft devrait, en principe, booster encore plus le succès de ce médium social. En marge de l’annonce officielle du rachat, le directeur général de cette plateforme, Jeff Weiner, a affirmé que cette acquisition n’influencerait pas la philosophie du réseau social, son identité ni son indépendance. Mais le véritable nœud de cette entente est la rencontre entre les services Cloud proposés par Microsoft et le réseau de contacts déjà en place grâce à LinkedIn. Cette synergie est destinée, d’un côté, à faire augmenter encore plus le nombre d’internautes ayant leur propre compte LinkedIn dans des délais très brefs, de l’autre, à fournir à ces derniers de nouvelles fonctions et possibilités.
L’intégration de LinkedIn dans le groupe Microsoft représente un changement de cap majeur dans la stratégie adoptée par le colosse américain ces dernières années, qui s’est avérée peu fructueuse à dire vrai. On fait référence à l’aventure de Microsoft dans le monde des smartphones, les téléphones intelligents, qui a été globalement un insuccès. Le rachat de Nokia avait entraîné l’installation du système opérationnel Windows Phone sur les portables de l’entreprise finlandaise (autrefois, à la pointe de ce marché). Une opération qui n’a pas apporté les résultats éspérés et qui a marqué dans les faits l’échec de Microsoft dans le défi lancé à Google et à son système opérationnel pour smartphones, Android. Même le concurrent direct historique de Microsoft, Apple, son rival depuis bien avant l’arrivée des téléphones intelligents, a su mieux se défendre grâce à son iPhone sur le marché des smartphones.
Le nouveau défi relevé par Microsoft porte maintenanant sur les médias sociaux. Son entrée dans ce monde très concurrentiel se fait par la grande porte, grâce à l’acquisition d’un réseau social de poids comme LinkedIn. Reste à savoir si ce rachat servira à redorer le blason du groupe et à relancer ses recettes, à travers les nouvelles possibilités offertes par sa collaboration avec la plateforme sociale conçue pour les professionnels.