Dans un monde où tout est désormais virtuel, les dating apps, les applications et sites de rencontre, qui permettent de rentrer en contact avec de nouvelles personnes pour sortir en amis ou pour un premier rendez-vous, sont très nombreuses. Le colosse de ce genre d’applications est indiscutablement Tinder, avec ses 50 millions d’utilisateurs, dont la plupart a un profil Premium payant, d’autant plus après son alliance toute récente avec Spotify. Mais, pour d’évidentes logiques de marché, elle ne peut pas être la seule. Il y a entre autres Happn ou Lovoo, qui a 26 millions d’utilisateurs et un taux de croissance de 20 mille nouvelles inscriptions par jour, ou encore Grindr et Her, qui ciblent, elles, les personnes homosexuelles uniquement.
Mais à cette liste il faut maintenant rajouter un concurrent qui a vu le jour il y a peu de temps. L’application s’appelle Hater et se distingue des autres parce qu’elle bouscule le concept traditionnel selon lequel l’amour naîtrait entre deux personnes qui se ressemblent, qui aiment les mêmes activités, qui partagent les mêmes intérêts. En effet, Hater vise à faire rencontrer des personnes qui partagent les mêmes dégoûts: « Rencontre quelqu’un qui déteste les même choses que toi « est sa devise.
Le fonctionnement de l’application est très simple. Ceux qui créent leur profil doivent noter un certain nombre de thématiques (personnes, activités, célébrités, concepts…) selon une gamme d’émotions : j’adore, je déteste, je l’aime, je ne l’aime pas, je suis indifférent… Cette évaluation est le critère qui guidera l’algorithme dans la proposition des match possibles. Pour l’heure Hater offre une liste de 3000 sujets pouvant être sélectionnés et évalués, qui peuvent aller de « se prendre en selfie » à « marcher lentement » à « Donald Trump »… Pour l’évaluation, le système est le même que sur Tinder, c’est-à-dire qu’il faut faire défiler les âmes sœurs et, avec le glissement du doigt, swiper vers le haut quand on adore, vers le bas si on déteste, vers la gauche quand on n’aime pas et vers la droite si on aime. Cette sélection préalable d’intérêts et de « dégoûts » permet à l’algorithme de l’application de proposer une première liste d’âmes sœurs potentielles, en fonction des sympathies et des antipathies communes.
Le créateur de Hater est Brendan Alper qui, après avoir quitté son poste chez Goldman Sachs et être devenu un comique professionnel, a conçu cette app un peu par jeu, sauf se rendre compte par la suite que cela pouvait effectivement marcher. « Ce qu’on déteste est une partie importante de ce que nous sommes » a declaré Brendan Alper, « Nous voulons que les gens s’expriment plus honnêtement. De plus, il est plus simple de démarrer une conversation avec quelqu’un qui déteste, comme nous, les pickles! » Et il continue en soulignant que « rencontrer des personnes devrait être quelque chose d’amusant. Les applications de rencontre qui existent aujourd’hui sur le marché l’ont souvent oublié. Hater souhaite rappeler ce concept. »
Pourtant, le risque que cette application, où les l’accouplement repose sur ce que les utilisateurs détestent, devienne un endroit où exprimer des idées racistes, inciter à la haine ou offenser les autres, et que le fait de parler honnêtement et franchement dépasse les limites de ce qui est toléré, est plus que réel. Pour conjurer ce risque, l’équipe d’Hater trie soigneusement les thématiques soumises à l’évaluation des utilisateurs : « Hater ne supporte d’aucune façon la haine et l’intolérance, d’autant moins la haine envers les races, les religions, le type de peau », peut-on lire dans les conditions du service de l’application.
Pour l’instant Hater n’est disponible qu’en version Beta pour iOS, mais aujourd’hui devrait sortir sa version définitive: juste à temps pour trouver quelqu’un qui déteste la fête de la Saint-Valentin ! Quant aux possesseurs de smartphones dotés de système Android, ceux-ci devront attendre jusqu’au printemps prochain.